Si d’habitude on parle de délocalisation pour les entreprises, le cas de Yahoo relève clairement de l’exil fiscal. Ce qui est étonnant c’est que Yahoo ait attendu autant d’années pour se rendre compte que l’Irlande est beaucoup plus favorable que la France en matière fiscale ! Il aura sans doute fallu attendre Marissa Mayer pour prendre cette décision.
Mais le niveau de l’impôt sur les sociétés n’est pas la seule raison : dans cette vidéo, Christian Ménanteau (RTL) nous explique pourquoi Yahoo a décidé de délocaliser ses bureaux en Irlande. La France n’est pas seulement un enfer fiscal, c’est aussi un enfer en matière conservation et de gestion des données. Yahoo comme son cousin Google souhaitent pouvoir gérer plus tranquillement son activité, sans avoir la CNIL et autres administrations dans les pattes, et sur ce sujet l’Irlande offre également un environnement plus favorable.
Et pourquoi en 2014, après toutes ces années ? 2014 est en fait la dernière chance pour Yahoo se bénéficier du régime fiscal Irlandais. Dans cet article de Diane Bérard, on apprend que L’Irlande ne sera plus un Paradis Fiscal après 2014, en tout cas pour les entreprises qui ne sont pas présentées avant :
Publié le 18/10/2013 à 10:47 sur les affairesSi le ministre des finances irlandais dit vrai, 2014 sera la dernière année où l’Irlande sera un paradis fiscal. C’est-à-dire la dernière année où des entreprises pourront s’incorporer dans ce pays pour éviter de payer des impôts dans le ou les pays où elles mènent vraiment leurs affaires.En somme, l’Irlande ne permettra plus aux sociétés de devenir fiscalement « apatrides » en créant des sociétés écran chez elle.
Le ministre des finances irlandais, Micheal Noonan, affirme que l’Irlande « veut faire partie de la solution, pas du problème » lorsqu’il est question d’évasion fiscale.
Pourquoi ce revirement?
Parce que la soupe est devenue si chaude qu’elle déborde… Trois entreprises, Amazon, Google et Starbucks, ont défrayé la chronique l’an dernier pour leurs pratiques d’évasion fiscale. On a vu des membres du Parlement britannique carrément perdre patience devient les arguments douteux et les louvoiements des cadres de ces entreprises lorsque questionnés par rapport aux rapports financiers de leur employeur.
Aux États-Unis aussi bien qu’en Europe, les gouvernements en ont marre d’être les dindons de la farce. De se voir privés de millions de dollars de revenus fiscaux au moment où ils peinent à boucler leur budget et se demandent quoi payer, quoi repousser à plus tard et quoi couper. Amazon se serait défilée de 198M d’euros face au gouvernement français. Et le fisc américain réclame 100G$ à Apple.
Si l’Irlande tient promesse, elle hausserait son taux d’imposition des entreprises de 2% à 12,5%. Ce qui la placerait tout de même dans une position très attirante par rapport à ses homologues européens.
L’évasion fiscale c’est le sujet de l’heure. La crise économique et financière, les politiques d’austérité, les déséquilibres budgétaires, tout pointe vers une intervention musclée dans ces pratiques. Une intervention qui ne peut fonctionner que si elle est internationale. Sinon, on ne fait que déplacer le problème.
La journaliste va par ailleurs plus loin, en portant un regard d’une objectivité hors du commun sur les Paradis Fiscaux :
Quelles conséquences si on abolit les paradis fiscaux?
Maintenant, projetons-nous dans l’avenir. Supposons que les États tiennent vraiment promesse, que l’évasion fiscale est traquée et rendue de plus en plus difficile. Qu’adviendra-t-il de la rentabilité des entreprises? Combien d’entre elles ont inclus cette pratique dans leur stratégie d’affaires récurrente? Quelle proportion des investissements, des recrutements et des dividendes de ces entreprises repose sur l’impôt qu’elle ne paie pas ? (…)
Les politiques qui ne comprennent pas cela feront toujours fuir les entreprises, et les amendes visant a lutter contre l’optimisation fiscale, risquent simplement de se transformer en “Exit Tax” : on paye et on dit au revoir.
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